Union des républiques socialistes soviétiques

Union des républiques socialistes soviétiques

Union des républiques socialistes soviétiques
(U.R.S.S. ou URSS) (Soïouz sovietskikh sotsialistitcheskikh respoublik), état proclamé en 1922, qui regroupait 15 républiques fédérées et qui a été dissous en 1991 (V. Communauté des états indépendants et Russie). Il couvrait tout le N. du continent eurasiatique, premier du monde par sa superficie (22 400 000 km²); env. 289 millions d'hab. en 1989; cap. Moscou. Nature de l'état: fédération de rép. socialistes. Langue off.: russe; chaque rép. avait, en outre, une ou plusieurs autres langues off. Monnaie: rouble. Religions: christianisme orthodoxe, islam dans le Caucase et en Asie centrale (19 %). Géogr. phys. et hum. - Le plus grand état du monde (2,5 fois les États-Unis) était limité par 17 000 km de frontières terrestres (le mettant en contact avec 12 pays) et 47 000 km de côtes. étendu sur 10 000 km d'O. en E. (11 fuseaux horaires) et sur 5 000 km du N. au S., il se partageait en trois ensembles.
d1./d L'Europe soviétique, bordée par l'Arctique au N., la Baltique à l'O., la mer Noire au S., les pays de la Volga et l'Oural à l'E., couvrait 20 % du territoire et abritait près de 200 millions d'hab. (70 % de la pop.). Le relief monotone (plateau central, plaine russe, Ukraine) est arrosé par le Dniepr, le Don et la Volga. On distingue du N. au S. la toundra (climat arctique), la taïga et la forêt mixte (climat continental), la steppe (climat continental plus sec) et la végétation méditerranéenne sur la mer Noire (Crimée). La pop., urbaine, avait le meilleur niveau de vie de l'U.R.S.S.
d2./d De la mer Noire aux contreforts de l'Altaï, les "Midis" sov. s'appuient sur de hautes chaînes: Caucase, Pamir (qui porte le point culminant du pays à 7 495 m), Tianshan. Le climat est chaud, avec des hivers peu marqués; l'eau provient des montagnes. La pop. était une mosaïque ethnique et culturelle; les peuples les plus nombreux étaient organisés en républiques: Géorgiens, Arméniens, Azéris, Ouzbeks, Turkmènes, Tadjiks, Kirghizs, Kazakhs. Les ruraux étaient majoritaires.
d3./d L'immense ensemble à l'E. de l'Oural comprend les plaines de l'Ob, les plateaux de Sibérie centrale, les ensembles montagneux du S. et les bordures du Pacifique. On distingue du N. au S.: la toundra, la taïga et la forêt mixte du S.-E. Ces régions, aux hivers extrêmes, disposent de gigantesques ressources et d'eaux abondantes (Ob-Irtych, Ienisseï, Lena, Amour, lac Baïkal...). En dépit d'ambitieux efforts, ces espaces hostiles et mal desservis attiraient peu et fixaient mal le peuplement: 30 millions d'habitants (11 % de la population), sur 57 % du territoire. écon. - Longtemps présentée comme la deuxième puissance industrielle mondiale, l'U.R.S.S. avait une écon. assez vétuste. Tous les moyens de production (terres, usines, transports, commerce, etc.) étaient propriété de l'état ou de coopératives. Seuls étaient propriété privée les biens de consommation, certains logements et des lopins individuels. Un organisme d'état, le Gosplan, élaborait des plans quinquennaux centralisés et impératifs. Jusqu' en 1950, ces plans ont mis l'accent sur l'infrastructure industrielle et l'industrie lourde; le pays s'est ensuite tourné vers l'agriculture et les produits de consommation. En 1965, une réforme générale visa le rendement et la productivité dans tous les secteurs mais sans succès profonds. - L'agriculture (15 % de la pop. active) était encore insuffisamment pourvue d'engrais et de machines; les moyens de transport et de stockage, trop peu nombreux, entraînaient d'énormes gaspillages. Pourtant, le pays était le prem. producteur mondial d'orge, de seigle (mais il importait beaucoup de blé, amér. notam.), de betteraves sucrières, de pommes de terre, et dans les prem. rangs pour le maïs, l'avoine, le coton, la laine. Ses coopératives (les kolkhozes) et ses fermes d'état (les sovkhozes) furent autorisées, après 1987, à louer leurs terres à des particuliers. L'élevage (ovin et bovin), très import., ne couvrait pas les besoins. L'approvisionnement quotidien de la pop. était en grande partie assuré par les petites propriétés individuelles. La pêche était pratiquée à une échelle industrielle. - L'industrie (39 % des actifs) a exploité systématiquement les énormes ressources minières et énergétiques: 1er ou 2e rang mondial pour le charbon (Donbass, Kouzbass, etc.), le pétrole (les trois "Bakou"), le gaz naturel (Tioumen), l'hydroélectricité (Volga), le fer et la bauxite (Oural), le manganèse (Géorgie). L'U.R.S.S. était la seule grande puissance à exporter en masse des produits miniers et énergétiques; ses réserves étaient considérables (mais mal exploitées: gaspillages). Les gisements d'Europe s'épuisant, la Sibérie devint le premier fournisseur, avec les problèmes dus aux distances. L'électricité nucléaire progressait, mais la catastrophe survenue en 1986 à Tchernobyl désorganisa le programme. L'industrie lourde occupait un des premiers rangs mondiaux: sidérurgie, chimie, métallurgie mais les industries légères se situaient à des rangs mondiaux bien inférieurs par les rendements et la qualité des produits, et certains secteurs ne pouvaient pas satisfaire la demande intérieure. Le réseau routier était médiocre; la navigation fluviale et le cabotage étaient handicapés par le gel hivernal; le réseau ferré n'était dense qu'à l'O. L'industrie et la recherche aérospatiales ont provoqué le développement des techniques avancées, mais le retard sur l'Occident en électronique et en informatique se creusait. Le budget militaire du pays pesait terriblement sur l'écon. La crise écon. (chômage "déguisé": employés sans tâche) avait plusieurs raisons: bureaucratie, médiocrité des échanges hors du Comecon, dépréciation du rouble, contrecoups de la crise mondiale. Gorbatchev l'amplifia par des réformes libérales décrétées autoritairement (autonomie des entreprises, rentabilité, concurrence). On importait toujours plus de biens de consommation et même on recourait à l'aide humanitaire internationale. Apparaissait difficile le retour annoncé à une économie de marché. Hist. - (Avant 1922, V. Russie.) L'Union des républiques socialistes soviétiques fut proclamée le 30 déc. 1922. Lénine assure alors une libéralisation contrôlée du régime: la NEP ("nouvelle politique économique"), pour relancer l'écon. (ruinée par la guerre civile). En 1924, l'U.R.S.S. absorbe les rép. non russes (qui eurent donc une indép. éphémère), adopte une Constitution et se fait reconnaître par les puissances occidentales. Après la mort de Lénine (1924), Staline, secrétaire général du Parti communiste de l'Union soviétique (P.C.U.S.), élimine Trotski et l'opposition de "gauche" en 1929, puis l'opposition de "droite" (Boukharine). De 1934 à 1939, le N.K.V.D., nouvelle police politique, instaure la terreur: emprisonnements, exécutions et déportations en masse vers les camps de concentration de tous les opposants: de gauche, de droite, réels ou virtuels. Une série de grands procès (1936-1938) décime notam. l'armée Rouge et le P.C., frappant en priorité la "génération d'Octobre". Les plans quinquennaux, à partir de 1929, exigent de chaque citoyen travail acharné et sacrifices. L'infrastructure et l'industrie lourde font des progrès importants, mais les industries légères sont négligées, et le niveau de vie reste bas. Dans les campagnes, la collectivisation forcée se heurte aux paysans enrichis par la NEP: les koulaks. La répression, impitoyable, désorganise le secteur agricole. En politique extérieure, Staline suggère la rupture des P.C. avec les sociaux-démocrates, ce qui ouvre la voie au nazisme, notam., puis soutient la constitution de "fronts populaires": France, Espagne (où des dirigeants du P.C. et des émissaires sov. persécutèrent leurs alliés anarchistes et trotskistes). En 1939, le pacte germano-soviétique permet l'annexion de vastes territoires occidentaux et retarde la guerre avec l'Allemagne, qui envahit l'U.R.S.S. en 1941. Après d'écrasantes défaites, l'armée Rouge sauve Moscou (hiver 1941-1942) puis stoppe la nouvelle offensive allemande à Stalingrad (hiver 1942-1943). Prenant l'offensive, de concert avec les Alliés (les È.-U. apportent une aide considérable par le détroit de Béring), elle libère le territoire national, puis toute l'Europe orientale, jusqu'à Berlin (1945). L'U.R.S.S. sort de la guerre épuisée (20 millions d'hommes sont morts) mais agrandie vers l'ouest. Après Yalta, elle domine l'Europe de l'Est. De 1945 à 1948, elle installe dans ces régions des gouvernements vassaux. Cet expansionnisme crée une vive tension avec les pays occidentaux: c'est la "guerre froide", déclenchée par la crise de Berlin (avr. 1948) et aggravée par la guerre de Corée (1950-1953). La possession par l'U.R.S.S. de l'arme nucléaire établit rapidement avec les È.-U. un "équilibre de la terreur". à l'intérieur de l'U.R.S.S. et de ses satellites, la répression s'abat sur les opposants (souvent communistes) et évite la contagion du "schisme" yougoslave (1948). Peu après la mort de Staline (1953), Khrouchtchev devient secrétaire général du P.C.U.S., dont le XXe congrès (1956) entame la déstalinisation, mais les crises extérieures de 1953-1956 (Berlin, Pologne et, surtout, Hongrie) font douter de la mort du stalinisme. La réorganisation de l'écon. tourne court (en dépit d'un taux de croissance non négligeable). En 1960, la Chine rompt avec l'U.R.S.S., puis la crise de Cuba (1962) entraîne une nouvelle tension avec les È.-U. Les échecs écon. et polit. de l'U.R.S.S., mais surtout les craintes que suscitent dans l'appareil ses tentatives de réformes, entraînent le limogeage de Khrouchtchev (oct. 1964). Dans la "troïka" Brejnev-Kossyguine-Podgorny qui lui succède, Brejnev acquiert rapidement la prépondérance. Il cherche une coopération avec l'Occident: R.F.A. (1970-1971), È.-U. (conférences dep. 1969 pour limiter les armements nucléaires), Europe (France, notam.), mais partout dans le monde (Viêt-nam, éthiopie, Angola, etc.) l'U.R.S.S. affronte indirectement l'Occident. En outre, Brejnev anéantit le "printemps de Prague" de 1968. Malgré l'adoption d'une nouvelle Constitution et la conférence internationale d'Helsinki sur la détente en Europe (1975), l'image de l'U.R.S.S., surtout dans les pays occidentaux, souffrait des atteintes aux droits de l'homme et de l'intervention de l'armée Rouge en Afghanistan (1979). Les successeurs de Brejnev, I. Andropov (1982-1984) et surtout (après le bref intermède de C. Tchernenko) M. Gorbatchev (1985-1991), voulurent sortir l'U.R.S.S. de ses archaïsmes écon. et politiques. Les dissidents emprisonnés furent libérés par Gorbatchev et les victimes du stalinisme globalement réhabilitées en 1990. Une génération de cadres, formée après la période stalinienne, fut appelée. Les journaux dressèrent un état critique du pays. Une nouvelle Constitution (déc. 1988) permit des élections (mars 1989) et au Congrès des députés furent élus des contestataires aussi populaires que Boris Eltsine ou Andrei Sakharov. En 1987, l'accord de désarmement nucléaire entre les È.-U. et l'U.R.S.S. fut confirmé par le retrait des troupes sov. d'Afghanistan en 1988. En 1989, l'U.R.S.S. ne mettait plus aucun obstacle à l'émancipation de ses satellites européens, trop préoccupée sans doute par les forces centrifuges qui, dès 1988, provoquaient de graves troubles dans l'empire soviétique. Gorbatchev fit reconnaître la propriété privée, abolir le rôle dirigeant du parti communiste et transformer le régime soviétique en un régime présidentiel. élu prés. de la République le 15 mars 1990, il fut réélu secrétaire général au XXVIIIe Congrès du P.C.U.S. en juil. Le 18 août 1991, quelques communistes conservateurs tentèrent un coup d'état dont l'échec précipita la décomposition de l'Union. B. Eltsine, prés. élu de la république de Russie, y gagna une crédibilité internationale proportionnelle à la perte d'autorité de Gorbatchev, qui démissionna du secrétariat d'un P.C.U.S. autodissous le 29 août. Alors que la plupart des républiques proclamaient leur souveraineté ou leur indépendance (V. les pays concernés), M. Gorbatchev tenta d'éviter le chaos économique et la dérive guerrière. Ce souci, en matière nucléaire notam., était partagé par les États-Unis (traité START de non-agression en juil. avec le prés. Bush). En déc. 1991, la dissolution de l'U.R.S.S et la naissance de la C.é.I. ont provoqué la démission de M. Gorbatchev. La Russie hérita des prérogatives internationales de l'ex-U.R.S.S. V. Russie et Communauté des états indépendants (C.é.I.).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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